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Belgique - criminalisation de l’opinion : L’enseignant Luk Vervaet interdit de travail

jeudi 3 juin 2010

Luk Vervaet est professeur de néerlandais et enseigne en prison. En dehors de sa profession, Luk Vervaet est aussi un citoyen. Il a ses convictions et ne s’en cache pas. Et jusqu’à preuve du contraire, c’est un droit. Militant de gauche, il dénonce notamment l’occupation israélienne des territoires palestiniens ou encore, au travers du CLEA (le Comité pour la liberté d’expression et d’association) dont il est membre, les lois liberticides dites "antiterroristes. Il a ainsi participé (aux côtés de députés
PS ou Ecolo) à des manifestations de soutien aux militants du
DHKP-C [1]. Depuis des années, il dénonce également les conditions de vie dans les prisons belges et notamment dans les cellules d’isolement prolongé.

Le 17 août 2009, son autorisation d’entrer en prison lui est retirée. Son employeur, l’Atelier D’Éducation Pour Personnes Incarcérées (ADEPPI), tente pourtant de le faire réintégrer mais l’administration refuse pour des "motifs de sécurité". S’ensuit une bataille judiciaire : la cour d’appel de Bruxelles juge la situation anormale. Le Conseil d’Etat est saisi d’une demande en suspension de la
décision de l’administration et considère le 16 mars 2010 que les motifs secrets de l’administration sont incompréhensibles.

Pour toute justification, l’Administration pénitentiaire avance un rapport de la Sûreté de l’Etat, signé par Alain Winants, le patron des services secrets. Dans ce rapport, aucune action délictueuse n’est relevée. Par contre, les activités militantes de Luk Vervaet sont énumérées. Dans sa conclusion, le rapport indique : « Il semble que les activités de Luk Vervaet se limitent à des questions de droit de la défense et à une opposition active mais non violente aux lois antiterroristes […] ce qui a pu le conduire à franchir la
frontière entre la défense légitime d’une justice équitable et le soutien à des idéologies justifiant de manière indirecte le terrorisme ».

Rien n’est donc reproché à Luk Vervaet et son travail a toujours été apprécié. Rien, sinon ses opinions politiques, amalgamées comme de coutume à la "violence" et au "terrorisme". Il s’agit d’un cas flagrant de criminalisation de l’opinion et de la lutte sociale. Un cas de plus...

Source : Le Soir, 31 mai 2010

A lire dans le JIM  : "Extradition vers les USA : double-peine pour Nizar Trabelsi ?", de Luk Vervaet

Notes

[1Une affaire longue de quatre procès et trois cassations, qui s’est terminée en mai dernier par l’acquittement des inculpés. Voir : Belgique : Affaire DHKP-C : c’est fini !.

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