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Belgique : Que veut Carrefour ? Que font les travailleurs ?

dimanche 14 mars 2010

L’article de Frédéric Michel, Les multiples facettes de la pénibilité. Analyse du métier de caissier , nous est parvenu peu après que Carrefour a décidé de licencier presque 2000 personnes. Non content de faire souffrir ses travailleurs, le groupe Carrefour entend les rémunérer moins. Derrière les licenciements se cache en effet la volonté du groupe Carrefour de changer de commission paritaire. Pour mémoire, une commission paritaire est l’organe, constitué à base égale de représentants des travailleurs et des patrons, en charge de déterminer les conditions de travail et de salaire [1] dans un secteur d’activité précis. Une entreprise (et ses travailleurs) est donc rattachée à une commission paritaire en fonction de ce qu’elle fait. Au fil des années, la force syndicale a permis de dégager des avantages substantiels dans certains secteurs, moins dans d’autres. De nouveaux secteurs sont également apparus, dans lesquels il a fallu partir de zéro [2]. La sous-traitance, la franchise [3], le groupe Carrefour ne se remet cependant pas en question mais tente plutôt de faire passer les travailleurs à… la caisse. Comme il l’a déjà tenté en 2008, le groupe tente de changer de commission paritaire et, cette fois-ci, d’également recourir massivement à la franchise. Comme en 2008, Carrefour met en balance le maintien de l’emploi ou un nombre restreint de licenciements contre un changement de commission paritaire avantageux [4]. En plus du bâton des licenciements, il propose également une maigre carotte : la possibilité que certains magasins soient repris par le groupe Mestdagh. Mais via un système de franchise et donc à des conditions de salaire et de travail nettement plus dures pour les travailleurs.

Où en est-on aujourd’hui ?

Les négociations entre organisations syndicales et patronat se poursuivent. Après une grève réussie le 27 février, un arrêt de travail le samedi 13 mars était également prévu mais a finalement été annulé. Si l’outil de la grève est abandonné, il est envisageable que le personnel de Carrefour, victorieux lors du conflit de 2008, ne puisse être en mesure de maintenir ses conditions de travail actuelles en cette période de crise économique.

Notes

[1Comme la durée du travail, le salaire minimum sectoriel, la formation spécifique, la prime de fin d’année, le congé d’ancienneté, etc.

[2Par exemple, le secteur des Titres-services

[3Sur le système de franchise et l’extrême dépendance qui en résulte, lireEt voici l’entreprise sans patron..., des combines techniques, etc. permettent parfois aux employeurs de choisir la commission paritaire qui leur semblait la plus intéressante. Confronté à des difficultés économiques majeures, en raison surtout de la mauvaise gestion patronale [[Lire entre autres ces deux articles : Carrefour les dessous d’une mauvaise gestion et Le groupe carrefour, un mastodonte fragile.

[4L’hebdomadaire du PTB, Solidaire, donne un descriptif des différences de commission paritaires dans le commerce.

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