France : Eau dans le gaz pour Coca Cola

C’est au Festival international du film des droits de l’Homme à Paris que le "scandale" a éclaté.

L’Affaire Coca Cola est l’un des films choisis par la programmation [1].
Le documentaire de Carmen Garcia et de German Gutierrez revient sur les assassinats de syndicalistes en Colombie. Depuis 1986, quatre mille syndicalistes ont été tués, dans un pays où les paramilitaires traquent tout ce qui ressemble à un contestataire, avec la bénédiction, ou à tout le moins l’inaction du pouvoir en place.

Les multinationales, telles Chiquita, ont eu recours aux services des milices d’extrême droite, faisant régner la terreur parmi les travailleurs. « Mon frère, leader syndical, a été assassiné alors qu’il était en train de négocier la convention collective qui arrivait à échéance. Leur réponse a été de l’assassiner. » dit un témoin dans le film.

Coca Cola a aussi eu des liens très étroits avec ces milices. Si le film ne prouve pas l’implication de Coca Cola dans des meurtres, le doute reste permis. Car ce sont des tractations secrètes entre les représentants de la firme américaine et des défenseurs des syndicalistes qui sont dévoilées. Comme un aveu de Coca Cola concernant des exactions pour intimider les travailleurs.

La marque en prend pour son grade. D’où la riposte : Coca Cola tente par voie judiciaire d’interdire la projection du film dans les festivals en Amériques ou en Europe. Elle a donc envoyé une lettre au Président du Festival du film des Droits de l’Homme, Vincent Mercier, le mettant en demeure de ne pas diffuser L’Affaire Coca Cola. La multinationale argue du caractère confidentiel des discussions dévoilées.

"Je n’en reviens toujours pas." dit-il. " La liberté d’expression donne le droit de diffuser ce film en France." Ce qui fut fait. Il reste d’ailleurs quelques jours pour le voir ou le revoir au Festival.

Source : Bakchich.info, 9 mars 2010