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19 novembre > 13 décembre 2009 : Bruxelles, cinéma Le Nova : "Trou de mémoire. Regards sur une case noire de notre société : la prison "

dimanche 13 décembre 2009

Regards sur une case noire de notre société : la prison

La question de la prison resurgit au coeur de l’actualité. Ces derniers mois, les évasions ont succédé aux suicides de détenus et les protestations de prisonniers aux grèves de gardiens. La réalité de prisons surpeuplées et insalubres, remplies essentiellement de personnes n’ayant pas encore été jugées, s’est rappelée à notre bon souvenir, mettant une nouvelle fois en cause les politiques carcérales. Celles-ci, incapables de tendre vers l’objectif de "réinsertion" qu’elles prétendent poursuivre, reproduisent et accentuent au contraire des inégalités et des rapports de classes existant dans la société. La prison n’est hélas pas assimilable à la catégorie des barbaries du passé. Impossible aussi de la considérer, tel que d’aucuns le prétendent, comme n’étant "rien d’autre" qu’une privation de la liberté d’aller et de venir. Le "trou" est aussi un lieu de déni (déni de la personne et de ses attaches, déni de droit, déni sensoriel), implacable générateur de frustrations, d’humiliation, et, en définitive, de mort sociale.

Depuis les débuts du cinéma, de très nombreux réalisateurs se sont intéressés à cet univers à priori inaccessible et anachronique. Bien des citoyens lambdas ne connaissent la prison qu’à travers le prisme cinématographique. Le cinéma et la télévision ne sont d’ailleurs pas étrangers à cet énième regain d’intérêt (apparent, du moins) pour la prison. L’intérêt actuel, suscité par plusieurs films et séries, contribue à en véhiculer une représentation tantôt caricaturale et spectaculaire, mais parfois aussi plus complexe et davantage proche de la réalité des détenus (par exemple, le récent "Un prophète").

Est-ce pour autant que le régime de la punition et de l’enfermement verra son règne remis en cause comme le souhaiteraient les abolitionnistes ? Il est à craindre qu’un tel débat soit esquivé une fois de plus par des "réponses" sociétales qui prennent l’allure de nouvelles fuites en avant.

Alors qu’il est établi qu’augmenter "l’offre pénitentiaire" a pour principal effet d’accroître la population carcérale, la tendance politique actuelle est au tout à la répression pénale et à la construction de nouvelles geôles. Et comme toute époque apporte son lot de nouveautés et "d’améliorations", quelques concessions sont faites çà et là envers "l’humanisation" et la modernisation du système, permettant aux consciences de s’apaiser à bon compte pour quelques temps. Les nouveaux centres de détention, destinés tant aux auteurs de grands ou petits délits qu’aux réfugiés et aux mineurs, sont bâtis de plus en plus loin de notre vue (le long de zonings industriels, par exemple) et seront bientôt, pourquoi pas, donnés en gestion à des sociétés privées, à l’instar de ce qui se fait déjà dans le monde anglo-saxon.

Loin des yeux, loin du coeur. La question est traditionnellement remisée aux oubliettes, voire au mieux réduite à une approche humanitaire. En 1970 déjà, le Groupe d’Information sur les Prisons (GIP) parlait de la prison comme "une région cachée de notre système social, une des cases noires de notre vie". Le GIP — dont l’expérience nous intéressera particulièrement au cours de cette programmation — partait du postulat que le problème de la prison se pose à l’ensemble de la population et qu’il ne s’agit pas de l’isoler aux seuls détenus en le considérant comme un "mal nécessaire", mais de le rendre visible, le placer au centre des attentions, le questionner, le politiser.

C’est dans cet esprit qu’a été conçue cette programmation. Des dizaines d’oeuvres que nous avons visionnées est née cette sélection de films qui permettent de ramener la prison dans notre champ de vision, de briser l’isolement carcéral en portant des regards de l’intérieur, de donner la parole à ceux qui ont une expérience ou un rapport avec elle (que ce soit à l’intérieur des murs ou à travers les liens ténus qui y subsistent avec "l’extérieur")... Au-delà de la compassion et des effets de mode.

Cinéma LE NOVA

3 rue d’Arenberg, Bruxelles

Le site : http://www.nova-cinema.org/

Le programme "Trou de mémoire" : http://www.nova-cinema.org/prog/116/nova116.pdf

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