Accueil > Brèves > Belgique : des détenus de Forest tabassés par la police

Version imprimable de cet article Version imprimable

Belgique : des détenus de Forest tabassés par la police

mardi 17 novembre 2009

La commission de surveillance de la prison de Forest-Berkendael a révélé des faits de violences graves infligées à des détenus par des policiers de la zone de police de Bruxelles-Midi, le 22 septembre et le 30 octobre derniers, alors qu’ils remplaçaient les gardiens en grève. Ces faits ont été rapportés par de nombreux témoignages et consignés dans un rapport.

22 septembre 09

Réginald de Béco, avocat et président de la commission, explique que « Les premiers faits sont survenus lors de la grève sauvage du mardi 22 septembre, Ce jour-là, la prison a été investie par les policiers de la zone de police de Bruxelles-Midi qui ont littéralement pris le pouvoir, dans l’établissement où ils ont fait régner la terreur. »

C’est ainsi qu’un détenu a été violemment battu dans sa cellule pour avoir demandé à pouvoir téléphoner à sa mère handicapée afin de la prévenir que les visites étaient supprimées le lendemain, puis, face au refus, pour avoir demandé à s’entretenir avec le chef de quartier de l’aile. Selon le rapport de la commission, « Plusieurs taches de sang au mur […] témoignent de la violence des coups reçus. Avant de quitter sa cellule, l’un des policiers s’est lavé les mains au lavabo de celle-ci, tandis que le détenu gisait par terre, inconscient, à ses côtés. Appelé en urgence, [...] le médecin de garde de la prison a constaté que l’interné se trouvait dans un état critique et a ordonné son transfert immédiat à l’hôpital. ».

30 octobre 09

Toujours selon la Commission de surveillance, des faits encore plus violents sont survenus lors de la grève du 30 octobre. Certains policiers déambulaient encagoulés dans la prison, afin qu’on ne puisse pas les identifier. Cinq ou six policiers ont sorti un détenu de sa cellule pour l’emmener au cachot, où ils l’ont forcé à se déshabiller entièrement et à s’accroupir. Ils l’ont alors battu dans le dos et sur les testicules avec des matraques. Ils l’ont ensuite obligé à répéter après eux « Le prophète Mohammed est un pédé » et « Ma mère est une pute ». Et comme le détenu pleurait : « Tu pleures comme une femme, maintenant ! »

D’autres faits ont été rapportés : un détenu a eu l’oreille déchirée, un autre a été frappé au visage avec une bouteille d’eau. Un ancien collègue emprisonné pour des faits de mœurs a été harcelé et menacé toute la nuit. Il a fini par s’ouvrir les veines et a été découvert le lendemain, presque vidé de son sang.

"Pas de commentaire" à la zone de police de Bruxelles-Midi. On signale seulement qu’une enquête interne est menée sur certains faits.

La commission demande que ces faits fassent l’objet d’« une enquête approfondie et indépendante » et que « les responsables soient sévèrement sanctionnés ».

Nous en avons déjà parlé dans le JIM (Lire Quand la violence (est) tue), la violence légale et notamment policière est rarement punie. Elle est peu dénoncée sauf, par exemple, quand elle se produit "ailleurs", à Guantánamo ou en Iran par exemple. Les faits consignés dans ce rapport montrent (une nouvelle fois) à quel point les pratiques de la police bruxelloise sont violentes voire barbares. Nous verrons si des sanctions suivront. Mais dans un système où la police bénéficie pour ses actions d’un "chèque en gris" (Lire La longueur de laisse détermine la liberté d’action du policier), il est à craindre que si sanctions il y a, elles seront bien légères. Affaire à suivre.

Source : Le Soir, 17/11/09

SPIP | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0