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Belgique : Banquet pour les riches, cachot pour les pauvres

dimanche 14 octobre 2012

A l’appel des Comités Action contre l’Austérité en Europe [1], entre 300 et 400 personnes se sont rassemblées ce jeudi 11 octobre devant le prestigieux Palais d’Egmont à Bruxelles, afin de chahuter le « banquet des riches ». Organisé par le club des « Amis de l’Europe », ce banquet rassemblait l’ « élite » européenne : patrons de banques, directeurs de multinationales, hommes d’affaires en tous genre et bien entendu personnalités politiques de haut vol.

Pour les organisateurs de l’action, il s’agissait précisément de dénoncer cette complicité entre les grands patrons et les hommes politiques qui président aux destinées d’une Union européenne plus que jamais au service des banques et du capitalisme financier. Ce sont les mêmes qui ont provoqué la crise qui soufflent aux oreilles des politiciens les mesures d’austérité et de régression sociale à prendre afin de faire payer le prix de cette crise aux seules couches populaires.

Pour symboliser le gouffre existant entre la misère de ceux d’en bas qui subissent ces politiques antisociales et la richesse de ceux d’en haut qui édictent et appliquent celles-ci, les Comités d’Action contre l’Austérité en Europe avaient dressé une table garnie de pain sec et de casseroles vides. Des activistes portant des masques de Davignon, Barroso, Van Rompuy et Jean-Luc Dehaene ont fait mine de dévorer les acquis sociaux, initialement protégés par deux « policiers » qui, convaincus par les manifestants, ont ensuite décidé de changer de camp.

Malheureusement, comme la suite des événements allait le démontrer, les choses ne se passent pas (encore ?) ainsi dans la réalité. Après un long chahut de casseroles, de pétards et de sifflets à l’entrée du Palais d’Egmont, protégé comme il se doit par la police du capital - pardon, fédérale -, les manifestants ont ensuite marché jusqu’au Cercle de Lorraine, où se tenait en réalité le banquet des riches et d’où ils furent refoulés après une tentative d’entrée. Ils ont alors manifesté jusqu’à la Porte de Namur, où les pandores - aux ordres de l’intrépide Commissaire Vandersmissen - ont procédé à l’arrestation administrative de près de cent cinquante d’entre eux, dont un député du Bloc de Gauche portugais. Histoire de ne plus leur couper l’appétit à cause de ces salauds de pauvres, tous les activistes arrêtés furent relâchés après la fin du banquet des riches - certains jusque tard dans la nuit.

Ironiquement, au cours de la journée, le chef du gouvernement italien Mario Monti avait fait part de son inquiétude à ses collègues européens quant à la montée du sentiment « anti-européen » [2]. Le lendemain, le hasard faisant bien les choses, l’Union européenne recevait le Prix Nobel de la « Paix ». L’action de ce jeudi 11 octobre en appelle donc d’autres : Nobel ou pas, cette Europe là n’a plus aucune légitimité sociale et démocratique.

Ataulfo Riera

Notes

[1Les Comités Action contre l’Austérité en Europe rassemblent des militants syndicaux, des activistes, des altermondialistes, des indignés ou de simples citoyen/nes. Leur site internet : http://www.comitesactioneurope.net

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