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Belgique, Cancun à Bruxelles !

lundi 13 décembre 2010

Mardi 7 décembre, un supermarché du centre-ville a été le théâtre d’une élection des pires produits en termes environnementaux, économiques et sociaux afin de dénoncer « les impacts du modèle d’agriculture industrielle, d’agro-exportation et de surconsommation ».

Dans le cadre de l’appel de la Via Campesina à organiser « 1000 Cancun » partout dans le monde (liste des évènements), et en écho au sommet éponyme se déroulant du 26 novembre au 10 décembre, des activistes ont dénoncé les fausses solutions proposées et le greenwashing pratiqué à la conférence COP 16 : une action festive, bruyante et colorée a pris place ce mardi 7 décembre à 18h. Cette action s’est déroulée dans un supermarché du centre de Bruxelles (GB Bourse).

Une quarantaine de personnes vêtu(e)s de frusques bariolées, accompagné(e)s par des Mariachis scandant une version remaniée pour l’occasion de la chanson « Mexico » se sont ainsi réuni(e)s dans le supermarché, après avoir rempli leurs paniers « absurdes » et laissé derrière eux des tracts expliquant leur action. Puis une élection des produits les plus absurdes en termes d’impacts environnementaux, économiques et sociaux a pris place.
Entre la nourriture bio pour chiens, la courgette « locale » emballée dans un sachet plastique, les pilules de carottes, les kiwis de Nouvelle-Zélande et le pâté en tube, c’est la viande qui l’a emporté.
Cette action a été suivie par une distribution gratuite de soupe préparée à partir de légumes locaux issus de l’agriculture paysanne et biologique, qui a permis de lancer le débat sur les alternatives existantes avec les consommateurs et passants.

C’était pour les activistes une façon d’attirer l’attention sur les impacts de l’agriculture industrialisée et du modèle alimentaire actuel sur le réchauffement climatique et le sort de millions de personnes, de paysans et de paysannes à travers le monde. Les participant(e)s ont tenu à rappeler que parce que 20% de la population mondiale utilise 80% des ressources de la planète, il est temps de changer nos habitudes de consommation et de faire évoluer notre système économique.

L’action s’est bien déroulée, dans une ambiance festive et joyeuse. Les deux camionnettes de police qui ont accouru à la suite de l’appel des vigiles du supermarché n’ont rien eu à se mettre sous la dent. Pas même un bol de soupe.

Les participant(e)s se sont tout particulièrement focalisés sur les impacts de l’élevage industriel et de la surconsommation de viande dans les pays développés.

Ils ont ainsi tenu à rappeler quelques faits.

Selon la FAO (Livestock’s Long Shadow), 18% des émissions de gaz à effets de serre mondiales sont liées directement ou indirectement à l’élevage, et 70% des terres arables mondiales lui sont consacrées.

Cela est possible uniquement parce que l’élevage extensif et tout le système agro-industriel externalisent leurs coûts, et ne prennent pas en compte :

- la destruction des économies, des solidarités rurales et de la biodiversité,

- les coûts incalculables en termes environnementaux : la déforestation, la nourriture transgénique des animaux, la pollution des nappes phréatiques, l’origine et le transport des produits, l’appauvrissement des sols et l’épuisement des ressources en eau, l’impact écologique en terme de déchets...

- les subventions de la PAC qui vont aux agriculteurs les plus industriels, au détriment de l’agriculture paysanne et familiale qui respecte l’être humain, les animaux et l’environnement,

- la dépendance de ce modèle aux énergies fossiles qui se raréfient,

- les impacts négatifs de la mainmise des multinationales sur les êtres humains, la nature, l’économie, l’alimentation et le vivant,

- les coûts en termes de santé humaine : la surconsommation de viande mauvaise pour la santé, le développement du diabète et des maladies cardio-vasculaires, la présence d’additifs chimiques alimentaires de toutes sortes dans notre alimentation, d’intrants chimiques dans les modes de production et de conservation, la résistance aux antibiotiques résultant de ces modes de production, l’augmentation des cancers... et de manière générale le règne de la quantité au détriment de la qualité,

- les questions en termes de bien-être animal

Les participant(e)s ont également voulu développer le fait que des solutions alternatives au système agro-industriel existent, et en nombre ! Parmi elles, la souveraineté alimentaire qui comprend la relocalisation de la production, des modes de production proches de l’agriculture biologique (agro-écologie, biodynamie, permaculture...), le développement des circuits courts, le soutien au Nord comme au Sud à l’agriculture paysanne et familiale, à l’agriculture urbaine, à la mise en place de filières de produits locaux et de saison.

Ces derniers ont finalement rappelé leur engagement : « Contre les profits du système capitaliste, de l’agro-industrie, des multinationales et la complicité silencieuse de la grande distribution, pour le soutien aux alternatives et à la survie des paysan(ne)s et petits producteurs et productrices sur leurs terres et dans le monde ! »

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