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Réfugiés, l’honneur de la Tunisie

vendredi 27 mai 2011, par Alain Gresh (Date de rédaction antérieure : 29 avril 2011).

[Article initialement paru sur le blog d’Alain Gresh, Nouvelles d’Orient, le 29 avril 2011]

Ils sont 30 000 Libyens à avoir fui les troubles, la pauvreté, l’incertitude. Ils se sont réfugiés en Tunisie. Ils n’ont pas été accueillis par les imprécations de Claude Guéant, les rafles policières, le racisme des dirigeants italiens. Si 2 500 d’entre eux vivent dans des camps de tentes, la grande majorité se sont installés dans des maisons, avec des familles, dans des villages – la région où ils sont hébergés ne compte que 150 000 habitants.

Le journaliste Scott Sayare, du New York Times (29 avril), rend compte, depuis la ville de Tataouine, de l’extraordinaire solidarité des Tunisiens (« Thousands Fleeing Qaddafi Bask in Tunisia’s Hospitality »). Il reprend les déclarations de Firal Kayas, porte-parole du Haut comité aux réfugiés des Nations unies, affirmant qu’il n’a jamais rien vu d’équivalent et que cette générosité des Tunisiens est d’autant plus remarquable que le pays vient de vivre une révolution.

Le journaliste raconte comment une famille a accueilli dix réfugiés libyens, les a installés dans les pièces qu’elle habitait et s’est contentée de la partie de la maison qui n’était pas encore terminée. Comme l’explique le maire de Tataouine, « la générosité et la fraternité ont pris le pas sur toute autre considération ». Pour M. Guéant, la fraternité est un simple mot creux inscrit sur les frontons de la République.

Bien sûr, explique le journaliste, des tensions existent. Mais les autorités ne les attisent pas et essaient de trouver des solutions concrètes.

A l’heure où l’Union européenne pousse à l’unisson de grands cris à l’idée d’accueillir quelques milliers de réfugiés, il faut souligner également que la Syrie et la Jordanie ont accueilli, sans bruit, 1,5 à 2 millions de réfugiés irakiens après l’invasion américaine de 2003 (lire Theodor Gustavsberg, « Silencieux exil des Irakiens en Syrie », Le Monde diplomatique, septembre 2008.)

Rappelons avec force : les réfugiés vivent au Sud et c’est le Nord qui a peur. L’Union européenne a installé à ses frontières un dispositif de mort (« Mourir aux portes de l’Europe »), ce qui ne l’empêche pas de multiplier les déclarations indignées sur les violations des droits humains.

Alain Gresh

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