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Une révolution ne fait pas le printemps...

mardi 15 février 2011, par JIM

Le soudain afflux de migrants (et la chronique d’Louis Jazz reviendra sur ce mot) en provenance de Tunisie, nous permet de nous rappeler de l’une des fonctions qu’avaient ces dictateurs amis récemment déchus : garder la misère aux frontières de la forteresse Europe.

En effet, si l’occident ne rechigne pas à exploiter les richesses aussi bien naturelles qu’humaines [1] des pays pudiquement appelés en voie de développement pour ne pas dire plus simplement économiquement colonisés, ces richesses ne bénéficient pas aux populations locales. Car, de comptes numérotés en paradis fiscaux, si les flux de capitaux manquent souvent de transparence, en revanche ils ne manquent pas de papiers.

La mobilité des capitaux est devenue à ce point omniprésente dans l’économie globalisée qu’elle en est devenue une forme de mesure de sa santé. Les Investissements Directs à l’Etranger (IDE) sont régulièrement utilisés pour mettre en concurrence les économies nationales au nom de la sacro-sainte compétitivité (mot-piège de la novlangue néolibérale pour parler de la mise en concurrence mondiale des travailleurs).

Mais si les pays du Nord acceptent sans problèmes les richesses naturelles extraites du Sud à bas prix, ou le produit du travail harassant des ateliers d’Asie, il n’en va pas de même des habitants de ces régions. Ces miséreux ont beau constituer une armée de réserve des capitalistes pour augmenter la pression sociale sur les travailleurs du Nord, ils préfèrent tout de même les garder loin de leurs rues, de leurs voitures, de leurs villas...

Alors, pour garder à distance ces hordes plus ou moins barbares, on mure les frontières, on renforce les barbelés, on construit des camps, on les traque, on les pourchasse et on les renvoie loin loin de notre vue. Et si quelque potentat local est prêt à nous aider (contre un peu de monnaie) dans notre tâche, qui sommes-nous donc pour juger de sa façon d’interpréter les droits de l’homme pour autant qu’il respecte ceux de l’homme d’affaire ?

Fort heureusement, les peuples du Sud commencent à mettre des grains de sable dans cette mécanique économique que beaucoup pensaient si bien huilée. Espérons que ces grains de sable traversent la Méditerranée et, tel un Sirocco révolutionnaire, ravive des idées oubliées depuis trop longtemps...

Le JIM

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