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La Guerre d’Espagne des souvenirs qui blessent

Pourquoi parler maintenant de notre guerre civile ?

lundi 7 février 2011, par Brian Conlon

Presque tout le monde sait qu’entre 1936 et 1939 l’Espagne a vécu une guerre civile entre l’Armée républicaine et les troupes de Franco, qui a gagné la guerre et a présidé la dictature en Espagne pendant presque 40 ans. Plus méconnu est le pacte de silence que l’état espagnol a imposé sur son passé pendant le processus de transition du régime franquiste au régime de démocratie parlementaire bourgeoise actuelle.

À partir de 1975, avec la mort du dictateur espagnol Franco, s’ouvre une période de l’Histoire d’Espagne qu’on appelle souvent « la transition ». La transition était le pacte qui devrait permettre de passer de la dictature à la démocratie.

Dans la dernière période de la dictature, les mouvements antifranquistes s’étaient rassemblés autour d’une plateforme unique, qui s’est ensuite scindée : une partie se trouva sous le contrôle du Parti Socialiste (Plataforma Democratica) et l’autre sous le contrôle du Parti Communiste (Junta Democratica). Avec la création de la Plata-Junta [1], le rapprochement entre les deux partis s’est fait jour. Ils se sont, quelques années plus tard, accordés avec les héritiers du franquisme sur le modèle de passage vers le système actuel. Tant les communistes que les socialistes défendaient les libertés, mais aussi l’amnistie des prisonniers politiques. C’était le résultat d’un accord entre les forces politiques de droite et de gauche, accord fondé sur la reconnaissance des partis de gauche, et de la loi d’amnistie par la droite si la gauche acceptait la monarchie, le système économique et le « pacte de l’oubli » [2]. À l’époque, seuls des petits groupes [3] de la tendance de gauche, des courants à la gauche de grandes organisations comme le PCE et le PSOE et certains nationalistes se sont opposés à cet accord. Par conséquent, ils n’ont pas été acceptés comme candidats lors de la première élection.

Cette évènement doit être replacé dans le contexte de la Révolution Portuguaise de 1974, matérialisant la rupture avec l’ancien régime, avec ce qu’on appellera la Révolution des oeillets. Mais en Espagne, les directions du PCE et du PSOE ont brandi la volonté d’éviter une autre guerre civile, et ont capitulé sur plusieurs revendications historiques. C’est ce qui a permis la création d’un système institutionnel basé sur l’oubli et le silence, fondements de cette « transition ». Le moment clé de cette fondation d’une nouvelle Espagne fut l’avènement des pactes de la Moncloa [4].

Mais aujourd’hui, plusieurs questions méritent d’être posées : pourquoi le modèle portuguais n’a-t-il pas été suivi [5] ? Pourquoi l’Espagne était-elle le modèle à suivre pour tous les pays en Europe de l’Est après la chute du Mur ? Pourquoi n’a-t-on pas parlé des crimes franquistes pendant 35 ans de démocratie ? Pour comprendre ce mur de silence, il faut interroger les causes de la guerre, la période républicaine et la deuxième partie du XXème siècle.

Le caractère international de la Guerre d’Espagne et ses conséquences

En 1931, l’Espagne est un pays sous-développé et arriéré sur tous les plans. La monarchie s’appuie sur une noblesse encore très puissante et un clergé catholique aux idées très conservatrices. En 1938, les campagnes espagnoles comptent encore 70 à 75% d’illettrés.

(cc) choudoudou
Hommage aux républicains espagnols morts au camp d’Argelès 1939

L’Espagne est avant tout un pays agricole. Les terres sont dans les mains d’une poignée de très grands propriétaires. Près de 200 000 grands propriétaires possèdent 45% des terres. En 1931, le pays compte 650 000 chômeurs, non pris en charge. Entre 1931 et 1936 l’Espagne vit un processus de changement inédit, mais c’est avec le coup militaire et le soulèvement populaire à Barcelone, Madrid, Valence et au Pays Basque que la classe ouvrière a connue les plus grandes avancées : nationalisation de l’industrie de guerre en Catalogne sous contrôle des syndicats, socialisation des transports,…Le peuple (travailleurs, paysans, ouvriers, chômeurs, femmes au foyer…) montra sa capacité à gérer la société.

Après les premières semaines de conflit, le coup d’état devint une guerre. Les multinationales commencèrent à soutenir les deux côtés [pour faire des affaires] et les pays fascistes passèrent à l’action en soutenant Franco. Le grand mouvement des légionnaires d’Afrique vit le jour grâce à la Luftwaffe. Le 25 Novembre 1936, Adolf Hitler reconnut Franco comme chef d’État, et le 2 mars 1937 Pétain fut nommé ambassadeur de France auprès de Franco, à Burgos. En moins de 12 mois, l’on vit clairement l’importance des industriels dans le conflit : Solvay, Texaco, Société Générale de Belgique furent ainsi derrière la création du Comité de non-intervention [6].

En 1939, à la fin du conflit, la plupart des pays “alliés” avait déjà reconnu l’Espagne franquiste. Les pays de l’Axe l’avaient déjà fait en 1936. L’Espagne était devenue le champ de l’expérimentation tant au niveau de l’armement que de la tactique militaire. Cette expérience servira dans les années de guerre. Le prix que le peuple espagnol dut payer : 40 ans de dictature. Voilà pourquoi on ne veut pas parler de la guerre d’Espagne, pourquoi le débat reste bloqué sur le mythe des luttes fratricides.

Le cas belge illustre bien le pragmatisme des hommes d’état de l’époque. La Belgique, avec l’ex-socialiste de gauche Paul Henri Spaak, reçut une pression assez importante des groupes économiques belges pour reconnaitre l’Espagne. Le POB est divisé, Émile Vandervelde visite en personne le front, des centaines de militants de la CGTB [7] et du POB, et d’autres organisations comme le PCB et le PSR (Parti Socialiste Révolutionnaire), partent lutter au front. Mais le 13 janvier 1939, la Belgique reconnaissait le Gouvernement de Burgos, avant la fin officielle du conflit. La démocratie belge abandonna ainsi son « allié » démocratique républicain à cause de la real politik, qui va pousser une partie de la direction du POB à dissoudre cette organisation quelques années plus tard. Voici une leçon historique à tous ceux qui entrent dans la real politik à cause des besoins du moment.

Les causes de la guerre

Le processus ouvert en 1931, qu’on peut appeler la Révolution espagnole, a pris un caractère fondamentalement international grâce à la vision internationaliste qui caractérisait le mouvement ouvrier de l’époque. Déjà en 1934, après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, la gauche socialiste, une partie du mouvement anarchiste, le PCE (qui était en train d’adopter la ligne de Front Populaire) et les trotskistes avait prévenu que si le Gouvernement républicain était soutenu par la Phalange [le mouvement fasciste espagnol], ils allaient se soulever.

En Octobre 1934, Barcelone, Madrid et les Asturies vivent alors un soulèvement, qui n’a réussi qu’aux Asturies. Là, les ouvriers ont formé des communes révolutionnaires, ou « soviets ». Le Gouvernement de droite n’a duré qu’un an et demi. Mais, suite à la répression de la commune asturienne, l’unité des forces progressistes permet la victoire de l’alliance socialiste, communiste, anarchiste, avec le POUM (Partido Obrero de Unificación Marxista), au sein duquel la plupart des trotskistes et la gauche républicaine étaient organisés. Puis vint le coup d’état militaire. Le mouvement ouvrier international, à travers ses organisations, mobilisa de l’aide politique, matérielle et militaire pour l’Espagne républicaine.

Des millions de militants du mouvement ont été marqués à vie par cette guerre. « Nous avions dix ans en 1936. Pour nous, la guerre d’Espagne a d’abord été un choc, le spectacle de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants hâves, souvent déguenillés, affamés : les réfugiés espagnols. A travers les propos des adultes nous parvenaient des mots alarmants, chargés d’angoisse : Hitler, les bombardements, la Cinquième colonne, la guerre... Aussi la guerre en elle-même n’a-t-elle pas été pour nous une surprise : nous avions, sinon compris, du moins senti que, simplement, ces foules espagnoles l’avaient vécue avant nous. Plus tard, des camarades espagnols pour qui le combat n’avait jamais cessé nous ont dit la fin de leur espoir ; Franco survivait à l’effondrement des dictatures. […] Nous avons voulu, contre l’ignorance, l’oubli, la falsification, redonner à cette lutte le visage le plus véridique possible, la dégager de la légende qui l’a précocement ensevelie. Nous avons aujourd’hui conscience que cet objectif, atteint, n’est qu’un premier pas vers la rédaction d’une Histoire plus complète qui nécessiterait des milliers et des milliers de témoignages et surtout de documents d’archives, encore inaccessibles, que ce soit en Espagne même, en France, en Angleterre, en U.R.S.S ou au Vatican » [8]

Cette introduction du livre de Pierre Broué brise tous les mythes et fantasmes qui existaient 20 ans après la fin de guerre en Espagne et après la seconde guerre mondiale. C’est le caractère international et internationaliste du conflit qui fait de cette guerre un événement presque unique. Seule la Révolution russe de 1917 a vu autant de volontaires étrangers lutter pour une cause « techniquement » étrangère.

La période républicaine

La guerre en Espagne est marquée par l’inaction des différents pays qui, trois ans plus tard, allaient rentrer en conflit direct pendant la deuxième guerre mondiale. La création du Comité de non- intervention et les menaces britanniques envers le Front Populaire arrêtèrent les velléités de la France de soutenir la Guerre d’Espagne. Ainsi, le Comité de non-intervention fut renforcé. Pendant ce temps, Franco reçut des armes et des soldats de l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie. Au fur et à mesure, le vent tournera en faveur du camp franquiste, grâce à la non-intervention des démocraties européennes, laissant la République espagnole combattre seule.

Comme l’Anschluss ou la chute de la Tchécoslovaquie, cet épisode fut aussi un exemple des préludes à la 2ème guerre mondiale. Les régimes « démocratiques » européens armèrent Hitler et Mussolini, fermèrent les yeux et attendirent que les tambours de guerre s’éloignent.

Aujourd’hui, seuls des aveugles diront que Chamberlain avait raison, ou que le pacte entre Hitler et Staline était une bonne manière de prévenir la guerre. En Espagne, un autre pacte, celui du silence, a étouffé l’histoire à tel point qu’il est dangereux de rappeler qui a fait quoi au sommet de l’État : la grande bourgeoisie, les oligarques, les grands propriétaires terrains, l’Eglise…

En fait, c’est grâce, ou à cause, du caractère international de la guerre d’Espagne qu’il existe une telle volonté de cacher ce qui s’est passé entre 1931 et 1939, ainsi que pendant les 40 ans de dictature.

L’Espagne républicaine de 1931 été née grâce aux millions d’ouvriers, paysans et étudiants qui avait voté aux élections municipales pour la coalition républicain-socialiste. Cela déclencha un mouvement qui força le roi à s’exiler, la République fut proclamée et les espoirs de millions de personnes virent la lumière pour la première fois.

Comme en Tunisie il y a quelque jours, les masses ont fait chuter un régime. Le peuple peut changer le cours de l’Histoire, et c’est peut-être la raison pour laquelle on veut oublier la République espagnole et sa guerre civile.

La seconde partie du XXème siècle

À la fin de la guerre d’Espagne, le Vatican envoya sa bénédiction à Franco. Fort de nombreux soutiens, le Caudillo instaure une dictature soutenue par le parti unique, la Phalange. Le modèle à suivre c’est l’Italie de Mussolini et l’Allemagne de Hitler. Mais Franco est aussi reconnaissant du soutien économique et diplomatique des pays capitalistes tels que le Royaume Uni et les États-Unis. Comme José Maria Doussinague, qui était sous-secrétaire des Ministères de Affaires Étrangères l’avait dit à l’époque : que sans le pétrole, les camions et les crédits américains, nous n’aurions jamais pu gagner la guerre civile.

Franco declare la guerre terminée le 1er avril 1939. Un an plus tard, malgré l’arrivée des forces allemandes aux portes de Paris, Hitler ne parvient pas à convaincre Franco de le rejoindre dans la guerre. Les Britanniques avaient été de bons alliés, et Franco doute de l’état de son armée. De plus, il allait commencer une décennie d’annihilation de toute opposition, même dans ses rangs. Mais ses demandes impérieuses étaient peu susceptibles d’être entendues par Hitler. Celui-ci pensait finir la guerre et dominer l’Europe du Portugal jusqu’ la Pologne. Quelques mois plus tard il commença l’invasion de l’URSS.

En 1941, avec l’avancée des armées fascistes en Union Soviétique, Franco décida d’envoyer une division de volontaires pour lutter contre son grand ennemi : le communisme. Ce faisant, cela constituait aussi une bonne manière de regagner la confiance d’Hitler.

La « División Azul » ou Einheit spanischer Freiwilliger de la Wehrmacht, était un corps de 18 000 « volontaires » espagnols (auxquels se sont joints quelques centaines de Portugais) mis à la disposition de la Wehrmacht. Près de 50 000 hommes servirent dans les rangs de la division ; il y eut environs 4000 morts, 8 000 blessés et 350 prisonniers qui seront rapatriés durant l’année 1954 [9]. Des héros pour l’Espagne franquiste. Après la défaite allemande, Franco avait mis l’accent sur le fait que ce bataillon était composé de volontaires, et non de membres de l’armée espagnole. Ainsi l’Espagne n’était pas clairement en guerre contre l’Union soviétique. Pour définir l’attitude de l’Espagne pendant l’intervention de la Division Azul, Franco parlait de « non-belligérance », position intermédiaire entre la neutralité et la participation à la guerre.

Dans le même temps, des centaines de prisonniers de guerre européens furent jetés dans des camps de concentration en Espagne : une preuve de plus que la division des conflits dans un premier temps de lutte contre le fascisme en Espagne et dans le reste de l’Europe n’est en fait qu’une continuité. Preuve de plus de la lâcheté des démocraties européennes qui ne voulaient pas voir l’inéludable conflit entre deux mondes. Et quand les Brigades internationales essayaient, en 1938, de convaincre la Société des Nations que l’Espagne républicaine n’était pas une marionnette de l’URSS, et elle ne l’était pas, on avait promis de leur donner la nationalité espagnole. Quand en 2000, le Gouvernement a finalement tenu cet engagement, l’Espagne a vécu un débat pour réhabiliter les combattants partis en URSS pour combattre le communisme. C’est un bon exemple des vieux démons qui existent au sein de la société espagnole à cause de la politique d’enterrement du passé.

En 1945, l’Espagne franquiste reste isolée. Elle est le premier régime fasciste à s’imposer par un coup d’état et restera la dernière dictature du continent européen. L’Espagne devient un refuge pour les fascistes qui cherchent un lieu pour se cacher, comme Léon Degrelle, ou continuer leurs affaires. Jusqu’en 1953, elle n’entretiendra pas de liens avec la communauté internationale et ne bénéficiera pas du Plan Marshall. Mais l’anticommunisme fervent du régime franquiste lui permet de retrouver ses anciens amis. En 1953, en pleine guerre froide, Eisenhower permet à Franco d’abandonner son statut de paria de la communauté internationale.

Un fois de plus l’Espagne est un pion sur l’échiquier des grandes puissances internationales. En dépit du mythe de son histoire fratricide. Le destin de ce pays pendant le XXème est intimement lié à l’Histoire du monde.

Pourquoi ouvrir ce débat aujourd’hui ?

Comme nous l’avons vu, la transition commence avec le pacte de l’oubli. Le PSOE, à cause de l’influence de l’aile droitière de la social-démocratie européenne et la volonté d’arriver au Gouvernement rapidement, purgea le parti de ces éléments les plus à gauche. Le PCE, qui a suivi une influence similaire pendant l’époque de l’eurocommunisme, était la tête du mouvement antifranquiste mais a vite accepté les contraintes de la démocratie parlementaire à cause de sa volonté d’épargner une autre guerre et la « voix démocratique » vers le socialisme. Les dirigeants de ces deux partis avaient abandonné une perspective révolutionnaire inspirée par les événements au Portugal. Sans cette vision ils ont poursuivi la voix italienne ou française : la responsabilité par rapport à l’état espagnol.

Cependant la génération qui a pris cette décision, et qui avait vécu la dictature mais pas la guerre, n’est plus culturellement hégémonique dans la société espagnole. Les dirigeants de la transition, les grands gagnants de l’amélioration des conditions de vie, commencent à partager la vie sociale, le marché du travail et la vie politique avec tous ceux qui n’ont jamais voté pour le roi, n’ont jamais accepté un pacte d’oubli et qui ont vécu l’appropriation de la vie politique par une élite qui était l’héritière de la classe dominante pendant le franquisme.

Cette génération, qui avait 15 ou 16 ans en 1986, a réussi à faire démissionner un ministre socialiste de l’éducation qui voulait introduire la privatisation dans l’université espagnole [10].
Tous ceux qui ont moins de 40 ans n’ont jamais été consultés par rapport à la monarchie ou aux accords fondateurs de l’Espagne moderne et se demandent pourquoi ils doivent accepter une structure de pouvoir hérité de Franco.

Évidemment, l’autre bord lutte pour ne surtout pas ouvrir un « débat stérile ». Ainsi, la génération post-démocratique, qui a vécu quatre grèves générales [11], mais aussi la segmentation du marché du travail avec l’accort des syndicats, voit que l’alternative politique aux héritiers du franquisme, qui contrôlent idéologiquement le Parti Populaire, n’a pas beaucoup de différences avec la droite.

Voila pourquoi ouvrir les anciennes blessures n’est pas une idée bienvenue, mais elle est néanmoins nécessaire. L’histoire du mouvement ouvrier et de ses organisations, en Espagne ou en Belgique, est jalonnée de défaites, de demi-victoires et d’oublis, mais c’est le devoir des militants d’apprendre du passé pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Tant le PSOE comme le PCE, ou l’organisation que les communistes utilisent comme véhicule politique, doivent faire une analyse de leur passé, de leurs erreurs et des défis du futur. Sinon, ils risquent d’abandonner totalement les objectifs et aspirations par lesquelles ils ont été créés. Si ça arrive, les travailleurs devront reconstruire des nouvelles organisations aux fins de transformer la société. Même si cela veut dire ouvrir des anciennes blessures qu’on croyait oubliées.

Finalement, c’était en 1793 que la Convention nationale proclamait dans son article 28 « Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures [12] ; c’est précisément ce que la nouvelle génération essaie de faire, comme en 1793 avec l’ancien régime. Et comme le dernier article de la même constitution nous le rappelle : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. Que ce soit l’insurrection armée ou intellectuel ». Une violation c’est aussi forcer le peuple à oublier son histoire.

Brian Colon

Notes

[1Fusion de la Junta et la Plate-forme. Création de la Plata-Junta

[2Ce pacte de l’oubli assume que parler du passé risquait de rompre les accords entre les forces démocratiques et les forces franquistes qui avait accepté la démocratie, dans la pratique était une loi de point final.

[3Notamment la LCR (Trotskiste), le PT (maoïste), MCE (maoïste) et ERC (républicain catalaniste de gauche).

[4Signés le 27 octobre, le Pacte de la Moncloa a été signé par toutes les formations parlementaires en Espagne. Il annonce le rétablissement de la démocratie, un plan économique et social devant l’ampleur de la crise (35% d’inflation, un million de chômeurs…) en échange de ne pas faire des demandes considérés comme trop à gauche. Texte intégral en espagnol : http://www.vespito.net/historia/transi/pactos.html

[5la révolution dite des oeillets, citée plus haut, qui a mis à bas le régime salazariste en 1974. voir, pour un début, http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_des_%C5%92illets

[6Le Comité de non intervention fut proposé par Léon Blum en 1936, et mit fin à l’isolement de l’Espagne franquiste

[7Une des organisations, qui deviendra la CGSP, à la base de la création de la FGTB en 1945- avec le MSU de Renard et des CLS, tendance communiste

[8Pierre Broué, Emile Teminé, Introduction à « La Révolution et la guerre d’Espagne, 1961. Editions Minuit. Paris.

[9España y la Segunda Guerra Mundial. Stanley G Paine & Delia Contreras Ed. 1996. Universidad Complutense de Madrid. Page 58 : españoles en las trincheras : La División Azul. Rafael Ibáñez Hernández.

[10Ceux qui avaient entre 16 et 22 ans entre 1986 et 1988 avaient été né après 1968 et ils avaient vécu « la transition comme enfants », ce mouvement était la première expression politique des enfants de la démocratie.
Pour lire sur l’organisation qui a dirigé les luttes : http://www.sindicatodeestudiantes.net/index.php?option=com_content&task=view&id=108&Itemid=85 et aussi sur la démission de la vice ministre responsable des Universités : http://www.rtve.es/noticias/20090407/las-crisis-los-gobiernos-democracia/260743.shtml et finalement sur la crise de Gouvernement de 1988 : http://www.rtve.es/noticias/20090407/las-crisis-los-gobiernos-democracia/260743.shtml

[114 grèves générales de 24 heures appelés par les syndicats majoritaires (CCOO – Commissions Ouvrières et UGT) : 14 décembre 1988, 27 janvier 1994, 20 juin 2002 et le 29 septembre 2010. Le 20 juin 1985 CCOO avait appelé à la grève de 24h avec la gauche syndicales mais sans l’Union General des Travailleurs (UGT)

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