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Le Vert et le Rouge : Comment articuler Crises Environnementales, Écologie politique et Questions sociales ? (Sixième et dernière partie)

mercredi 23 février 2011, par Didier Brissa (Date de rédaction antérieure : 25 juin 2010).

Pour une écologie socialiste

Peut-on se satisfaire de tenter la survie individuelle dans une société qui n’est pas supportable [1] ? Ou se contenter d’un réformisme mou devant les menaces planétaires, qui se borne au mieux à traiter les symptômes sans jamais s’attaquer aux causes ? Seule une coalition des aspirations de justice sociale et économique peut porter LE projet viable en ce troisième millénaire. Cette alliance doit être portée par le projet socialiste et une écologie qui ne se limite pas à entretenir les espaces verts ou à ralentir légèrement le rythme de l’exploitation de la planète. Il faut dire clairement que la lutte pour des mesures radicales, répondant à la hauteur de la misère sociale que vit la majorité de la population, ne passe pas par la démagogie populiste qui consisterait à repeindre en vert le capitalisme.

Il faut collectivement retrouver confiance en soi : il est possible de peser sur les événements et ainsi, formuler ce que nous voulons ou, au contraire, refusons. Être éco-socialiste, c’est vouloir transformer le monde de façon révolutionnaire. C’est prendre le parti du positif, de la critique radicale (mais constructive) et de l’amélioration infinie, plutôt que s’illusionner de solutions faciles et trompeuses. Ce n’est pas se contenter d’une politique qui adapte les règles et pare au plus pressé, changeons les règles elles-mêmes pour les rendre conformes à notre avenir. Être révolutionnaire, c’est vouloir être un véritable Citoyen et non pas un simple administré.

On est loin d’une révolution vue par le gros bout de la lorgnette avec le mythe du grand soir révolutionnaire [2]… Celle-ci a besoin d’être multilatérale (les changements climatiques ne connaissent pas les frontières) et multidimensionnelle (elle doit s’opérer autant dans le champ social qu’environnemental et économique). L’éco-socialisme ne veut pas "prendre le pouvoir" par la violence mais changer notre base productive radicalement, s’engager dans la sortie du salariat [3]. L’éco-socialisme veut en fait sortir du productivisme : parce qu’il est conscient des contraintes planétaires, des transformations des processus de production, des mutations des modes d’exploitation du travail et des possibilités de l’avenir. Cette sortie du processus d’appropriation privée de la valeur créée, de l’économie déconnectée des besoins de la société réelle, nécessite de reprendre collectivement le contrôle de la création de la valeur, de ce que les hommes produisent, le début de la réappropriation de notre vie.

Aujourd’hui, les transformations que connait le travail [4] sont d’une ampleur comparable aux bouleversements engendrés par la révolution industrielle au XIXè siècle. Ainsi, il n’y a plus de différences entre le temps de travail, de formation, d’information, de loisir ou de repos. C’est le passage de la "force de travail", la production des travailleurs, à la "résolution de problème".La résolution de problème ne se mesure pas comme la dépense physique ou la simple permanence de service en heures de travail. Le besoin de flexibilité et de créativité dans un monde complexe doit aussi privilégier les créations d’activités et les temps protégés mais aussi la diminution du temps de travail [5]. Que tous puissent participer à répondre aux besoins de tous. Qu’un temps libéré permette des activités non marchandes, correspondant mieux à la civilisation de l’information et du savoir plutôt que nous promet la marchandisation de toutes les activités communicationnelles. Ces changements radicaux dans l’activité de base du citoyen annoncent une nouvelle démocratie participative. La Réduction du Temps de Travail [6] est nécessaire mais pas pour autant suffisante. D’une part, elle ne change pas le mode de production, qui reste toujours aussi productiviste, elle ne prétend qu’en répartir les postes (ce qui est déjà beaucoup) en postulant que cela diminue la croissance (ce qui est très douteux). D’autre part, c’est la notion de temps de travail qui perd sa signification dans les activités créatrices ou de résolution de problèmes. C’est donc pourquoi cela doit nécessairement être lié des questions de relocalisations de l’économie, mais aussi à une politique économique orientée vers la réponse aux besoins réels plutôt qu’à la création artificielle de besoins « nouveaux » ne servant qu’à entretenir la reproduction de la machine productiviste…

La libération du travail est à notre portée. Son partage, les évolutions technologiques et la concentration de la production sur une économie des besoins le permettent à brève échéance si on sait dépasser les intérêts à court terme des libéraux. Il s’agit d’organiser le passage du quantitatif au qualitatif. C’est l’aspect le plus positif et qui donne le plus d’espoir dans l’avenir. Une production centrée sur les besoins réels et l’écologie de sa production peut remplacer une production guidée par le seul profit.

Les révolutionnaires, l’anticapitalisme et la crise écologique

Il y a toutes sortes d’écologistes révolutionnaires. Ils peuvent être "marxistes", libertaires, alternatifs ou de simples opposants à la "croissance" et à la destruction de la société, c’est-à-dire de véritables écologistes, mais le projet éco-socialiste n’est pas une simple amélioration de l’existant, ce qui permettrait de rendre un peu plus durable le monde actuel et son développement inégal et destructeur, de rendre un peu plus supportable ses souffrances et ses injustices. Au contraire, pour nous, l’éco-socialisme est la dénonciation d’un monde qui se fait contre nous et l’avance de proposition à construire par tous, pour tous. L’éco-socialisme est l’urgence de l’avenir.

Comme nous l’avons vu dans de précédents chapitres, nous trouvons dans la pensée marxiste ou libertaire les prémisses d’une critique écologique radicale du capitalisme. Mais cette problématique n’a pas été abordée dans les premières années d’existence dans la plupart des partis ou organisations du mouvement ouvrier. Elle ne s’exprimait tout simplement pas dans leur réel. Dans la période qui a suivi la seconde guerre mondiale, les anticapitalistes révolutionnaires ont commencé à constater la destruction de l’environnement et la pollution de l’air et de l’eau. Mais ces phénomènes n’étaient considérés que comme l’une des conséquences néfastes d’un système exploiteur et inhumain et non perçus comme un phénomène global qui menace de détruire les bases même de toute vie.

Ceci a changé depuis le début des années 1970, lorsque la tendance autodestructrice de la société capitaliste était devenue un sujet largement discuté et repris, notamment par des idéologues bourgeois du Club de Rome en 1972. Des articles et des études écrits par des membres d’organisations révolutionnaires sont également apparus.

Mais le véritable test pour les organisations du mouvement ouvrier a été la naissance d’un mouvement populaire contre l’énergie nucléaire [7] , surtout au Japon, en Europe de l’Ouest et aux États-Unis.

Pratiquement, dans de nombreux endroits des organisations révolutionnaires ont été impliquées dans ces mouvements de masse, même si très peu d’entres-elles ont trouvé les moyens de consolider leur travail écologique, par exemple quand le mouvement antinucléaire a commencé à décliner. L’expérience des ces mouvements a cependant frayé son chemin dans les discussions de ces organisations [8]. Certaines allant même dans leurs textes de congrès jusqu’à considérer, l’écologie ou les problèmes qui lui sont liés, la lutte contre l’industrie nucléaire comme "une question de survie de la classe ouvrière" et déclarer que la tâche des révolutionnaires est de "renforcer le mouvement en entraînant les ouvriers industriels" dans la lutte écologique.

Au fil du temps, les positions se construisent. Les documents donnent une analyse plus détaillée. Dans la propagande et les activités des ces organisations, la question écologique avance de plus en plus et appelle à organiser des actions communes avec les mouvements écologistes. Aujourd’hui, la destruction de l’environnement est considérée comme un des principaux dangers qui menacent l’humanité, un problème qui donne un sens nouveau à la fameuse formule de Rosa Luxembourg : socialisme ou barbarie, que l’on pourrait réécrire par éco-socialisme ou barbarie… L’éco-socialisme conçoit que l’engagement du mouvement des travailleurs et de ses organisations dans la lutte contre la destruction de la planète doit être une tâche principale. Il faut donc s’efforcer de créer les chemins de la collaboration du mouvement social et du mouvement écologique, non seulement contre les différentes formes de destruction, mais aussi contre le système qui les détermine. L’éco-socialisme doit, par son approche combinée du social et de l’environnemental, contribuer à la discussion dans ces mouvements et essayer de contrecarrer les illusions largement répandues sur la possibilité d’un capitalisme auto-réformable en "vert" [9].

Dans de nombreux pays, les révolutionnaires participent activement aux luttes en cours, comme celle contre les OGM ou contre la destruction de la forêt amazonienne au Brésil. Les révolutionnaires européens sont de plus en plus impliqués dans le mouvement écologique de leur pays. Dans leurs analyses, le problème écologique constitue un des pôles les plus importants parmi lesquels la restructuration du mouvement ouvrier doit s’opérer.

Tout cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de problèmes avec l’intégration de ces "nouveaux" thèmes dans l’activité du mouvement ouvrier. Beaucoup ont continué à considérer les problèmes écologiques comme une contradiction du capitalisme parmi d’autres. Ils ne les ont pas conçus comme des problèmes étroitement liés aux luttes quotidiennes pour la survie de la classe ouvrière, telles les luttes contre des conditions de vie et de travail inhumaines ou contre la guerre. La plupart n’ont commencé à se poser les problèmes environnementaux que lorsqu’ils ont fait les gros titres de la presse à la suite des actions d’autres forces, en particulier les mouvements écologistes. Il s’en est suivi que le débat au sein du mouvement ouvrier a été relativement lent et que ses éventuels résultats sont encore, pour l’essentiel, largement à venir. Il est de plus en plus clair que les éco-socialistes doivent faire un effort spécial pour appliquer leur méthode aux questions posées. Il n’est pas possible de se limiter à prendre quelques éléments de la pensée écologique et de les peindre un peu en rouge. De la même manière que l’on peint le capitalisme un peu en vert…

Les éco-socialistes ne doivent pas seulement contribuer aux discussions sur la politique écologique concrète. Ils doivent également faire les pas en avant politiques et organisationnels nécessaires aux actions de masses, permettant une prise de conscience à même de mettre en branle le mouvement ouvrier tout entier. Car ce n’est que par l’action du mouvement de masse que les conditions actuelles pourront être changées.

Pour des revendications immédiates : un programme d’actions

Il existe à travers le monde une multitude d’initiatives et de mouvements contre le pillage et la destruction de la nature. Des anticapitalistes et des révolutionnaires soutiennent ces initiatives et ces mouvements, et y participent parfois d’une façon critique [10], car les positions générales de certains écologistes à l’égard du capitalisme sont souvent plutôt confuses. Les expériences du mouvement écologique montrent que seules de larges mobilisations et protestations permettent de gagner l’opinion publique et d’obtenir de succès réels. Dans une grande mesure, crise écologique et crise sociale sont alimentées par des mécanismes identiques. Intérêts des grands lobbies économiques, dictature toujours plus exclusive des "marchés", ordre mondial incarné par l’Organisation Mondiale du Commerce, le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale et le G8/G20, etc. Lobbies qui contribuent à l’épuisement conjoint des humains et de la nature. Des facteurs communs étant à l’œuvre dans les crises écologique et sociale contemporaines, c’est fort logiquement que des remèdes communs peuvent et doivent être avancés : brisons l’étau du "libéralisme économique" (le nom-paravent du capitalisme) pour placer besoins humains et contraintes écologiques au centre des choix. D’où cette communauté de combat que l’on retrouve entre l’écologique et le social, ces terrains immédiats de convergences.

1. La défense des services publics. [11]

L’exemple des transports illustre combien une logique de service public est nécessaire pour répondre de façon cohérente aux impératifs sociaux et écologiques. En Europe, la logique libérale exige la réduction du réseau ferroviaire aux modes et aux lignes "rentables", favorisant pour le reste l’accroissement du "tout routier". Les exigences sociales (transports publics bon marché, réseau complet irriguant le territoire, normes de salaires et de travail acceptables) comme écologiques (réduction des modes de transports les plus polluants, physiquement les plus destructeurs et énergétiquement les plus coûteux) nécessitent le développement des transports en commun dans une logique de service public. Il en va de même en bien d’autres domaines. Mais ce constat ne clôt pas le débat sur l’organisation contemporaine d’un service public. En effet, les monopoles d’État sont susceptibles d’élaborer leur politique en fonction d’objectifs non-démocratiques (dans l’énergie [12] , par exemple, liens entre pétroliers et intervention impérialiste en Afrique, ou liens entre nucléaire civil et militaire), selon des modes de gestion et des modèles productifs étroitement capitalistes, en fonction de normes de rentabilité calquées sur celles des monopoles privés.

2. La lutte contre les pollutions

Vu leur aggravation visible, on prend de plus en plus conscience du coût humain (atteintes à la santé, hausse des prix, etc.) et naturel (atteintes à la biodiversité) des pollutions, ainsi que du rôle que jouent nombre d’intérêts économiques. Prépondérance de l’automobile, pollution atmosphérique et problèmes croissants de santé dans les centres urbains. Prépondérance de l’agro-industrie et pollution brutale et difficilement réversible des eaux et des nappes phréatiques. Prépondérance du lobby nucléaire et accumulation pour de très longues durées, en centaines de milliers d’années, des déchets radioactifs. Prépondérance de grands intérêts privés et augmentation socialement insupportable du coût de l’eau potable au Nord - et absence massive d’accès à l’eau potable au Sud... Dans chacun de ces domaines, combat écologique et combat social exigent d’opposer une logique alternative à celle de groupes économiques dominants. La gravité des problèmes de pollution et de santé publique contribue à faire évoluer les consciences. Ainsi, il devient plus difficile de présenter les enjeux dits écologiques comme des questions marginales et étrangères aux questions sociales, ou comme des préoccupations élitaires, un luxe pour petit-bourgeois. En Europe, la crise de la vache folle [13] représente probablement un point d’inflexion majeur, analogue à Tchernobyl [14] pour le nucléaire : elle a mis en pleine lumière l’acuité du danger intrinsèquement contenu dans le mode de production incarné par l’agro-industrie. Il faut également combattre sans concession les solutions illusoires telles que les marchés de droits à polluer [15] que les pays du Nord cherchent à imposer à la planète [16] . La pollution ne doit pas se marchander, mais être éradiquée.

3. En défense de l’emploi [17]

Une politique de protection de l’environnement est porteuse d’emplois dans de nombreux secteurs. Certes. Mais des logiques économiques dominantes, qui surexploitent la nature, créent aussi le chômage [18] . C’est clairement le cas avec l’agro-industrie qui désertifie les campagnes du double point de vue des espaces (réduction drastique de la variété des paysages et de la biodiversité) et humain (réduction drastique de l’emploi et exode rural). C’est aussi le cas dans l’industrie automobile qui licencie massivement tout en augmentant sa capacité de production et qui impose sa dictature sur les modes de transports, d’aménagement du territoire ou de développement urbain [19]. A l’inverse, des logiques socio-économiques alternatives (une économie démocratiquement planifiée par ex.) permettent de définir un mode de production à la fois moins prédateur vis-à-vis de la nature ou du mode de vie, et plus riche en emplois, mieux répartis. (Garantie de plein emploi)

4. La lutte pour la terre

Il s’agit d’un des vecteurs les plus essentiels de la convergence entre mouvements sociaux et écologiques à l’échelle internationale. Ce n’est pas un hasard si les mouvements paysans les plus radicaux du point de vue social sont aussi ceux qui ont la conscience écologique la plus avancée [20]. Il s’agit de lutter contre l’agro-business pollueur, avec ses Organismes Génétiquement Modifiés, ses engrais et ses pesticides qui empoisonnent l’environnement, en refusant l’agriculture capitaliste destructrice du sol et des forêts. Dans les pays du Sud, ce combat est inséparable de celui pour une réforme agraire radicale, contre la monopolisation de la propriété foncière par les latifundistes, et pour une redistribution de la terre [21] . Mais la lutte pour une agriculture alternative, respectant l’environnement, et fondée sur le travail paysan, les coopératives, les collectivités rurales ou les communautés indigènes est un défi planétaire, qui concerne aussi bien le Tiers-Monde que les métropoles capitalistes. Un des acteurs les plus conséquents dans cette bataille pour la terre est la "Via Campesina" [22], réseau international de la gauche paysanne, qui regroupe des mouvements aussi importants que le MST brésilien ou la Confédération Paysanne française. Ces mouvements sociaux sont porteurs d’une autre conception de la production agricole, visant à satisfaire les besoins sociaux de la population plutôt que ceux du marché capitaliste mondial, et respectant le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes [23].

5. Abolir le système de la dette [24]

Le "développement par l’endettement", impulsé à l’origine par les puissances financières du Nord, a débouché sur un système de contrôle de la politique économique des pays débiteurs (surtout du Sud) et le renforcement des pouvoirs du FMI et de la BM (y compris au Nord). Le diktat du service de la dette et les canons (ultra-)libéraux de l’OMC ont des conséquences dramatiques pour les sociétés humaines (destructions des protections sociales, des cultures vivrières...), ainsi que sur la nature (destruction des ressources naturelles pour l’exportation...). Les mécanismes fondamentaux de ce système de domination doivent donc être combattus tant du point de vue social qu’écologique. Les règles commerciales instaurées par le GATT, ancêtre de l’OMC, renforcent la domination des grandes multinationales du Nord. En imposant l’ouverture des marchés locaux à leurs produits, elles accentuent les dépendances (y compris alimentaires), minent les équilibres sociaux et accroissent irrationnellement les échanges internationaux, nourrissant ainsi la crise énergétique et écologique.

6. Long terme et démocratie [25]

La question écologique exige la prise en compte de contraintes à très long terme, les rythmes naturels appartenant à des temps bien différents de celui, nécessairement court, du marché. De nombreux besoins sociaux (éducation, santé, etc.) réclament aussi, pour être correctement traités, un temps plus long que celui du "marché-roi" - c’est d’ailleurs l’une des principales raisons d’être du service public au sens vrai.

Contraintes écologiques et besoins humains exigent conjointement de nos politiques alternatives qu’elles intègrent ces temps longs et très longs qui relèvent de la solidarité inter-générationnelle [26]. L’écologie, après la défense des besoins sociaux, donne une légitimité nouvelle à la notion de planification, car qu’est-ce que prendre en compte le long terme si ce n’est planifier ? Mais l’écologie a aussi contribué à la critique au fond des expériences bureaucratiques conduites à l’Est.

Cette indispensable rencontre entre l’écologique, le démocratique et le social est-elle possible ?

Oui, parce que les crises écologique et sociale contemporaines ont une origine commune, dans le capitalisme précisément. A causes communes, solutions communes. Loin d’être intrinsèquement "négatif", l’anticapitalisme permet ici de percevoir le terrain de rencontre des combats écologiques et sociaux. Il aide de même à définir des alternatives communes, positives et solidaires. Il éclaire à la fois les causes et les solutions.

En revanche, si elle se refuse à intégrer la critique du capitalisme, l’écologie politique risque de s’affaisser, de perdre toute radicalité et de se replier sur les propositions élitistes, finalement antidémocratiques, socialement inégalitaires, à la fois impotentes et injustes. Il s’agit bien d’un lien, pas d’une simple identification de l’écologie à sa portée sociale.

La pensée écologiste introduit en effet une dimension majeure que l’on ne retrouve pas telle quelle dans la pensée sociale : l’analyse des rapports entre sociétés humaines et nature. C’est son apport original, son terrain propre. Disons donc qu’il ne faut ni "rabattre" la question écologique sur le seul terrain social ni ignorer l’antagonisme social au nom des enjeux écologiques planétaires.

Didier Brissa

Notes

[1De la traduction de l’anglais sustainable : en premier lieu traduit par « durable ».

[2Les révolutions des 19ème et 20ème siècles avaient aussi une aspiration internationaliste et ne voulaient pas se contenter de "prendre le pouvoir", elles voulaient changer les paradigmes régissant le monde…

[8Ecologie et mouvement ouvrier, Félix Guattari - http://www.revue-chimeres.fr/drupal_chimeres/files/21chi10.pdf ; Emancipation sociale et écologie politique, Philippe Corcuff - http://www.lagauche.com/lagauche/spip.php?article2217 ; Un combat écologiste, Manifeste pour une Alternative libertaire - http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article74 ; e.a.

[9Un capitalisme vert est-il possible ? Michel Husson, Contretemps n°1 (nouvelle série) janvier 2009 - http://hussonet.free.fr/capivert.pdf et Le capitalisme vert, nouveau stade du capitalisme ? Maxime Combes http://www.mouvements.info/Le-capitalisme-vert-nouveau-stade.html ; L’impossible capitalisme vert, Daniel Tanuro (juillet 2010, Editeur : Les empêcheurs de penser en rond / La découverte, ISBN : 9782359250251) et Le capitalisme vert, nouveau stade du capitalisme ? Maxime Combes

[10Climat et Justice sociale : http://www.climatetjusticesociale.be

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