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Sur le soulèvement populaire en Grèce

« L’arme du policier est magique. Il tire en l’air et ça va droit dans le coeur »

lundi 17 août 2009, par Franz Tofer (Date de rédaction antérieure : 15 février 2009).

Le 6 décembre 2008, dans le quartier d’Exarchia [1] à Athènes, un adolescent de 15 ans, Alexis Grigoropoulos, était abattu par un policier. Celui-ci a affirmé avoir tiré des coups de semonce en l’air lors d’un accrochage avec un groupe de jeunes. La balle mortelle aurait dévié par ricochet avant de se loger en plein coeur.

Le policier, inculpé d’homicide volontaire et d’usage illégal de son arme de service, a été maintenu en détention provisoire par le juge d’instruction, de même que son collègue, inculpé de complicité [2].

Les premières conclusions de l’autopsie, effectuée par le médecin légiste désigné par la justice et un médecin mandaté par la famille, semblaient corroborer la version officielle. La balle qui a tué le jeune garçon "est un peu déformée ce qui démontre qu’elle a touché une surface dure" avant d’atteindre en pleine poitrine Alexis Grigoropoulos, tué sur le coup, ont indiqué des sources judiciaires et l’avocat des policiers [3].

Mais le 18 décembre, le journal Kathimerini citait une source anonyme selon laquelle les résultats semblaient « contredire les affirmations faites par le policier accusé de la mort du garçon ». Selon le journal, le policier aurait d’abord déclaré qu’il avait fait feu en tenant son arme au-dessus de sa tête. Les sources citées par Kathimerini, déclarent que « les résultats […] indiquent que l’officier a tiré en tenant son arme à angle droit par rapport à son corps, en direction du garçon, et non droit au-dessus de sa tête en tir d’avertissement, comme il l’avait déclaré » [4].

En outre, les témoins oculaires directs (résidents du quartier, passants etc.) déclarent qu’il n’y avait ni manifestation ni agitation d’aucune sorte dans le quartier ce jour-là. Ils affirment également que les policiers ont provoqué en les insultant un groupe de jeunes. Quand ceux-ci ont répondu, les policiers ont garé leur voiture, sont revenus au point où les jeunes étaient assis et trois coups de feu ont été tirés. Les témoins affirment également que le policier a visé le jeune garçon qui est tombé mort sur le trottoir [5].

Le meurtre et les circonstances douteuses dans lesquelles il a été perpétré ont provoqué la colère et l’indignation. La version policière a été immédiatement mise en doute par les manifestants au cri de : « L’arme du policier est magique. Il tire en l’air et ça va droit dans le coeur » [6] ou "Flics, porcs, assassins" [7].

Il faut dire que ce n’est pas la première fois qu’un membre de la police tue un adolescent. Les meurtres d’Issidoros Issidoropoulos, militant d’extrême gauche de 16 ans (1976), de Mikalis Kaltezas, militant anarchiste de 15 ans (1985) et de N. Temponeras (1991), avaient déjà provoqué de grandes vagues de contestation. Les méthodes ulta-violentes de la police grecque exaspèrent la population et suscitent régulièrement une opposition dure.

Franz Tofer

Voir en ligne : « Ces jours sont aussi les nôtres »

Notes

[1Quartier populaire du centre de la capitale, où vivent nombre d’étudiants, de jeunes et de libertaires.

[2AFP, 10/12/08. A noter que le ministre de l’ordre public et le chef de la police ont présenté leurs démissions au premier ministre Costas Caramanlis qui les a refusées.

[3AFP, 10/12/08

[7Là-bas si j’y suis, op.cit.

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