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Big Brother

Reprises de l’été : Editorial n°5

La guerre c’est la paix - La liberté c’est l’esclavage - L’ignorance c’est la force

samedi 14 août 2010, par Andrée Fonteyne (Date de rédaction antérieure : 11 février 2010).

JIM 05 - BIG BROTHER - FEV.-MAR.

[*Edito paru le 11 février 2010 dans le "Numéro 5" du JIM*]

Pour la plupart des gens, être contrôlé ne pose aucun problème. Il faut vivre avec son temps, assurer la sécurité des siens, anticiper les besoins en connaissant les habitudes de chacun, combattre le terrorisme par tous les moyens. Pour certains par contre, la vie privée est une notion primordiale et le contrôle généralisé surtout une manière de maîtriser les foules… L’équipe du JIM a décidé ce mois-ci de lever le voile sur Big Brother et de vous aider à protéger (ce qui reste de) votre privée…

Il y a seulement quelques jours, la Grande-Bretagne annonçait que sa police envisageait d’utiliser des drones équipés de caméras pour surveiller la mer, la terre et le ciel lors des jeux olympiques de 2012. Grâce à cette technique militaire, il sera donc désormais possible que plus aucun de nos faits et gestes ne passe inaperçu et ne soit gravé (pour la postérité, c’est certain) dans les archives des forces de police. Mais les caméras de surveillance sont-elles vraiment efficaces ? L’article de Julien Pieret nous démontre que les choses sont beaucoup moins simples (et beaucoup plus coûteuses) que ce qu’on nous dit.

Nous sommes contrôlé-e-s tout le temps, même quand nous ne le soupçonnons pas. Notre vie privée l’est de moins en moins. Franz Tofer nous montre à quelles occasions nous dévoilons notre sphère personnelle et comment faire pour la protéger.

Prenons l’exemple d’une journée type de Madame C. Le matin, elle bippe sa carte mobib à la borne avant de prendre son métro. Un geste que tout utilisateur des transports en commun bruxellois sera bientôt forcé de faire vu la mort annoncée des cartes de transport autres que la carte à puce et l’installation d’une batterie de portiques. L’article de Céline Delforge nous permet de comprendre pourquoi la STIB (Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles) a franchi le pas de la carte RFID personnelle et les objectifs plus ou moins annoncés de ce nouveau contrôle des moyens de transports.

Au travail, Madame C est surveillée par son patron. Pour son bien et, surtout, pour le bien de l’entreprise. Blacksad nous explique que, grâce aux nouvelles technologies, la surveillance et le contrôle des travailleurs a pris de l’ampleur, souvent bien plus rapidement que les cadres législatifs qui régissent la vie privée et le droit du travail.

Une fois la journée de travail achevée, Madame C va chercher ses enfants à l’école. Passer la grille en donnant ses empreintes, recharger la carte à puce de sa fille pour la cantine, des gestes qui sont devenus anodins. L’article du Collectif dépassons les bornes fait le point sur la situation dans les écoles françaises, où de plus en plus de parents, d’écoles et d’élus en reviennent de ces technologies intrusives et organisent la résistance afin que les enfants ne soient plus éduqués à être contrôlés à l’aide d’une partie de leur corps.

Quelques petites courses pour le souper avant de rentrer à la maison. Le portique de sécurité sonne au passage de Madame C et de sa famille. Le vigile accourt et inspecte le contenu des sacs et cartables. Tout le monde s’exécute sans broncher. Madame C est un peu inquiète et se demande si un de ses enfants n’aurait pas chipé quelque chose. Ouf, il n’en est rien, c’est juste le portique qui déconne… Il n’en est rien ? Vraiment ? Gérard Craan démontre que ces contrôles n’ont rien d’anodin. Et qu’une fois encore, tout n’est pas permis…

L’histoire de Madame C, c’est notre quotidien à tou-te-s. On ne se rend même plus compte que nos données sont récoltées pour un oui ou pour non, que nous sommes suspecté-e-s tout au long de nos journées... L’article, en deux parties, du grenoblois Sébastien offre un salutaire regard extérieur sur notre carte d’identité belge, cet outil précurseur dans la collecte ni vue ni connue des données personnelles…

Mais tout ça, c’est pour quoi ? Notre sécurité ? Un concept que Christine Oisel décrypte pour nous en démontrant que les notions de sécurité et d’insécurité sont surtout très élastiques et que le tout au sécuritaire sert aussi à maintenir la peur afin de contrôler la population...

... Comme dans 1984 de Georges Orwell, le livre qui, il y a 51 ans, annonçait un avenir qui se réalise peu à peu. Franz Tofer jette un coup de projecteur sur cet ouvrage qu’on ferait bien d’aller relire de temps en temps, juste histoire de ne pas oublier de se révolter face à l’inadmissible.

Enfin, soyez-en assuré-e-s, cher-e-s lectrices et lecteurs, l’analyse des expressions de votre visage, capturées par votre webcam à la lecture de nos articles, nous permettra de vous concocter un prochain numéro qui correspondra encore plus à vos attentes…

Merci à Christine, Céline, Gérard, Julien, Blacksad, Franz, Sébastien et au Collectif Dépassons les bornes d’avoir participé à ce numéro.

Andrée Fonteyne, pour l’équipe du JIM

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